Financial spotlight – Juin 2022

Spotlight
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CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE : Un mal pour un bien

L’agression de l’Ukraine par la Russie est évidemment un événement dramatique majeur, aux lourdes conséquences économiques. Hausse des prix de l’énergie, menaces sur l’alimentation, tarissement possible des livraisons d’intrants non directement substituables, et, au-delà, anxiété affectant le comportement des consommateurs et des producteurs, l’incidence est lourde, et cela alors que le poids de la Russie dans l’économie mondiale est limité.

Toutefois, si les marchés financiers ont souffert depuis la fin de l’année dernière, c’est vraisemblablement davantage dû à la sensible augmentation des taux d’intérêt, dans le sillage d’une inflation qui a quitté ses eaux quasi mortes, et cela dans le courant de l’année 2021, c’est-à-dire bien avant l’invasion de l’Ukraine. Le scénario de taux d’intérêt aura donc une influence déterminante sur la gestion des portefeuilles, et en particulier les taux américains, les Etats-Unis continuant de donner le la au monde de la finance.

Aujourd’hui, la Federal Reserve, la banque centrale américaine, est sur le banc des accusés. Nombre d’observateurs lui reprochent d’avoir réagi trop mollement face aux signaux de réaccélération de l’inflation, et après avoir déversé tant de liquidités. Elle l’aurait fait par dogmatisme, rejetant tout lien de cause à effet entre masse monétaire et inflation, ou pour stimuler encore davantage l’activité économique. Rappelons que certains économistes, à commencer par Joseph Stiglitz, mais aussi Lael Brainard, ont fait l’an dernier l’apologie de la surchauffe économique comme condition nécessaire pour permettre l’intégration sur le marché du travail de groupes sociaux discriminés.

Oui, l’attitude, qu’il s’agisse de ses décisions ou de ses annonces, de la Federal Reserve a radicalement changé, et la lutte contre l’inflation est revenue au tout premier plan. La motivation de ce virage à 180 degrés est certainement la crainte d’un « désancrage » des attentes d’inflation et d’une perte de crédibilité de la Banque centrale. Nous ne pouvons exclure une lecture plus sociale et plus politique. En 1997, l’économiste Robert Shiller en 1997 avait mis en garde : l’inflation conditionne le comportement dans l’isoloir. Et c’est vrai que l’inflation mine le pouvoir d’achat, c’est encore le cas actuellement aux Etats-Unis, malgré un taux de chômage particulièrement comprimé. Sans que cela soit une indication qu’elle serait « pro-Biden », la Federal Reserve pourrait légitimement se soucier d’une inflation alimentant le malaise social, vu que celui-ci ne sert en rien l’objectif sociétal qui est le sien.

Ce faisant, la banque centrale américaine est-elle brusquement devenue une ennemie des bourses, elle qui en avait été un grand soutien ? Nous ne le pensons pas, et cela affecte notre vue des marchés et donc la stratégie d’investissement. L’expression « Greenspan put » est devenue célèbre dans les années 90. Elle a servi à dénoter une perception que la banque centrale américaine, dont le gouverneur était alors Alan Greenspan, loin de chercher à prendre les marchés financiers à contre-pied, allait chercher à éviter les creux de marché. Avec la popularité, Outre-Atlantique, des fonds de pension largement investis en actions, on a même pu penser que la banque centrale allait chercher à soutenir l’économie en soutenant les cours de bourse, histoire de générer un « effet-patrimoine » ou un « effet-richesse » positif : si la valeur de son fonds de pension augmente, l’Américain consommera davantage. Ce n’est évidemment pas le coeur de la stratégie de la Federal Reserve mais il est vrai que la politique monétaire accommodante qu’elle a menée pour soutenir l’activité économique, au bénéfice des consommateurs et des entreprises, ainsi que des pouvoirs publics fort endettés, a eu pour effet collatéral de générer des plus-values, tant en actions qu’en obligations. 

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Etienne de Callataÿ – etienne.decallatay@orcadia.eu
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