Financial spotlight – Novembre 2021

Spotlight
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CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE : Vivent certains problèmes

C’est parce que l’économie va bien que nous connaissons certaines difficultés, notamment des pénuries ponctuelles, et non parce que nous connaissons ces difficultés que l’économie va aller mal. Tel était notre message optimiste il y a deux mois. Sous le titre « Ne pas confondre conséquence et cause », nous avions évoqué ces pénuries, ainsi que les mesures de re-régulation de l’économie en Chine. Cet optimisme n’a pas été directement partagé, à en juger par le recul des bourses en septembre, mais au mois d’octobre celles-ci ont affiché une belle progression.

Chine

Notre vision sur les mesures restrictives prises en Chine n’a pas changé en deux mois. Si les autorités se permettent de prendre de telles dispositions « à rebrousse-poil », c’est parce qu’elles sont convaincues non seulement de leur bien-fondé mais aussi de la vigueur sous-jacente de l’économie nationale ou, à défaut, de la capacité à restimuler cette dernière au cas où les mesures en question auraient un effet conjoncturel négatif trop marqué.
Loin de nous inquiéter des difficultés de la société immobilière Evergrande, nous considérons qu’il s’agit là de la conséquence d’un tour de vis salutaire. Tant mieux que la Chine ose enfin s’en prendre à la vive croissance de l’endettement privé, un danger majeur sur lequel le FMI a attiré l’attention depuis des années. Il vaut mieux payer le prix d’une faillite plus ou moins contrôlée maintenant que laisser la bulle résidentielle enfler de plus belle, dont l’explosion inévitable ferait des dégâts démultipliés.

Nous pouvons ici faire référence au mot, célèbre dans les milieux de la politique monétaire, de William McChesney Martin, président de la Federal Reserve, la banque centrale américaine, de 1951 à 1970. Il voyait son institution comme « le chaperon qui doit ordonner de retirer le bol de punch alors que la soirée commence à s’animer ». Une autre image vient à l’esprit : jeter du sable dans les engrenages est un moindre mal quand la machine s’emballe.

Prix de l’énergie

L’inflation a fortement accéléré ces derniers mois, tirée à la hausse par le renchérissement du gaz, du pétrole et de l’électricité. Il s’agit bien entendu d’immuniser le pouvoir d’achat des personnes à moindres revenus, mais cette inflation énergétique est à la fois une conséquence d’un fait heureux et le passage obligé d’un changement que nous nous permettons de qualifier d’existentiel. Le fait heureux, c’est la vigueur de la reprise économique, avec une activité mondiale qui dépasse le niveau d’avant la pandémie. Et le changement, c’est bien sûr celui de la réduction de notre consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables.

La transition environnementale passe bien sûr par d’autres canaux, tels l’information, la sensibilisation ou le progrès technologique, mais le rôle des prix relatifs, mécanisme économique de base, reste fondamental. Avec un prix plus élevé pour l’énergie fossile, nous renforçons l’incitation à mieux isoler nos logements, à produire et consommer localement, à rendre produits et processus de production moins énergivores, à augmenter la durée de vie des biens que nous acquérons, et aussi à investir dans de nouvelles technologies, durables.

Le prix des énergies fossiles va être influencés par trois paramètres environnementaux. Le premier est la réduction des investissements dans le secteur. Le tout récent World Energy Outlook de l’Agence Internationale de l’Energie réaffirme que le double objectif de zéro émission nette en 2050 et un réchauffement limité à 1,5° interdit tout nouveau développement dans les énergies fossiles. Les compagnies pétrolières et gazières sont donc dès maintenant confrontées au risque d’actifs échoués, ou « stranded assets », à savoir disposer d’équipements inutilisés avant d’avoir été amortis. Ce premier facteur va limiter l’offre, mais il en est un deuxième qui va jouer en sens opposé. Si vous êtes un pays disposant de réserves pétrolières ou gazières, la perspective de ne pouvoir les exploiter à un horizon de 30 ans maximum va vous inciter à essayer d’en commercialiser le plus possible tant que c’est possible. Ceci va rendre la discipline de contingentement de l’offre au sein de l’OPEP encore plus difficile à tenir. Le troisième facteur est la fiscalité, de type « permis de polluer » ou taxe carbone, qui va tirer la demande vers le bas. Notre scénario est que le prix de l’énergie pour l’utilisateur doit et va augmenter mais que le prix obtenu par les producteurs, lui, va être sous pression. Incidemment, cette inflation énergétique sera doublement bénéfique pour les Etats : elle est associée à des taxes additionnelles et elle réduit le poids réel de la dette publique.
Il convient d’être bien compris : l’analyse rassurante ci-dessus de ce qui inquiète aujourd’hui beaucoup d’observateurs, à savoir le ralentissement de la croissance en raison du coup de frein chinois et l’accélération de l’inflation, cocktail qui fait penser à la « stagflation » des années 70, n’a pas pour motivation l’envie d’être original ni pour cause un optimisme à tout crin. Non, toute mauvaise nouvelle ne cache pas une bonne nouvelle ! Un examen rationnel s’impose face à tout facteur de risque. Il se fait qu’à ce stade, tant pour la Chine que pour l’énergie, l’évaluation est clairement apaisante.

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Etienne de Callataÿ – etienne.decallatay@orcadia.eu
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